Lors d’une récente réunion publique, le maire de Metz annonçait la destruction de deux barres d’immeubles à La Patrotte, pour répondre au sentiment de « ghetto » des habitants.
De quoi parle-t-on, s’agissant d’immeubles dont les logements, à loyers très modérés, permettent de loger des familles qui n’ont souvent aucun autre choix ?
Cette opération s’inscrit dans ce que les spécialistes appellent la rénovation urbaine, financée essentiellement par les pouvoirs publics et par les bailleurs sociaux, propriétaires majoritaires de ces immeubles.
Cette politique publique, qui a pour ambition de ramener de l’égalité et de la diversité dans certains quartiers populaires, s’inscrit dans un temps long, souvent des décennies, et ne se limite pas à la démolition de logements, puisque le principal financeur de ces programmes, l’Agence Nationale de Rénovation Urbaine (ANRU) exige la reconstitution de l’offre de logements et l’apport, en valeur ajoutée, de services publics et de développement économique et social.
Alors, pourquoi ce retard dans les quartiers Nord de Metz et, plus particulièrement à la Patrotte ?
Il faut regarder l’histoire de « la politique de la ville » qui commence, dans les années 80/90 par les opérations « Habitat et Vie Sociale » puis, début des années 2000, avec un Grand Projet de Ville (GPV) qui priorise le cœur de Borny au détriment du reste du territoire. Deux députés se disputent alors les moyens financiers publics, l’un pour Woippy, l’autre pour Borny, dans une vision centrée sur la partie du quartier concentrant des immeubles de l’OPAC, ignorant les copropriétés dégradées et les sites en grandes difficultés gérés par un autre bailleur social.
Dans le même temps, les quartiers Nord s’endorment, gérés par un adjoint au maire qui va jusqu’à interdire l’installation de l’équipe de prévention dans le centre social du quartier dont il est pourtant le président !
Il faudra l’arrivée d’une nouvelle équipe municipale en 2008, sous la conduite de Dominique Gros, pour commencer à travailler sur ces quartiers oubliés.
Arrivée du METTIS, suppression du dangereux passage à niveau, transformation de la voirie autoroutière malcommode, modernisation de la gare de Metz Nord et multiplication des trains, démolition de l’immeuble du 5 rue Théodore de Gargan et lourde réhabilitation du 3, installation d’une nouvelle agence du bailleur social, alors nommé MHT, et construction enfin du très bel équipement culturel et social de la ville de Metz, l’AGORA. Et bien sûr, des projets de nouvelles constructions, comme l’immeuble de la rue René Cassin, pour contribuer à la mixité sociale.
Autant d’actions structurantes qui s’inscrivent dans le temps long de l’action publique.
La réflexion prospective, conduite en 2018 par la Métropole, confirme que pour changer l’image d’un quartier il faut du temps, de l’intelligence, des moyens et du courage politique.
Metz le 11 mars 2023